J'ai écrit ce texte à propos du spectacle JOYEUX ANNIVERSAIRE CHICANE, de la compagnie Carte Vitale Acceptée. La première chose que Chicane fait, c’est chantonner. Plus exactement, il fait des bruits comme des bruissements de plaisir, mais il en ressort, si l’on tend son oreille sensible, de la musicalité. Tout un paysage sonore (au sens de R. Murray Schafer) apparaît, il est indéniablement rythmique et musical. Et il se raconte chez certains que le chant est toujours le début d’un cri. Non, ce n’est pas la première chose qu’elle fait. Ah bon ? Non. Alors c’est quoi ? C’est dire “moi”. Chanter et dire “moi”, est-ce que c’est pas la même chose ? De toute façon, la plupart du temps, Chicane cherche ses mots. Il nous dit “alors alors alors alors alors” et nous le répète “alors alors alors alors alors” comme si il allait constamment se passer quelque chose Chicane est constamment au bord du langage au bord de la chose le bord la frontière Pa...
Se terre Plus qu’une poésie du silence, j’ai le sentiment que ma poésie est une poésie qui se tait. Le silence désigne directement un espace sans paroles, alors que le se taire désigne un espace sans paroles en tant qu’il est empêché soit involontairement, soit volontairement. Il y a un endroit que de toute façon ma poésie ne peut pas dire parce qu’elle ne sait pas. J’écris parce que j’ignore. Alors, peut-être qu’en plus d’être une poésie de la terre, ma poésie est une poésie du se taire. Plus qu’une poésie de ma terre, ma poésie ne fait que se terre. La poésie, une parole qui se tait. Qui toujours cherche à se taire un peu, se cacher. Elle se tait, se terre, s’enterre. Je me mets à terre, je me mets à taire, tout en écrivant, car néanmoins, il y a un endroit qu’elle sent à défaut de savoir, et qu’elle souhaite dire en dépit de cette ignorance. Ses mots sont chargés de ce double mouvement. J’écris sous le coup de cette étrangeté. Il y a du silence dans le cri Cri et silence ont ce...